Ce qu’il y a de bien, avec les initiatives populaires, c’est qu’elles ont tendance à présenter les faits de manière objective et sans en faire des caisses. “Il n’y a guère de belles soirées d’été sans que des fusées ne détonnent au loin”, se lamente le Comité d’initiative pour une Suisse sans feux d’artifice, dont on ne sait trop si les membres vivent en Suisse ou en Ukraine orientale. Fort heureusement, quelques paragraphes plus loin, le même comité écrit que dans les cas extrêmes, “les nuisances causées par les feux d’artifice bruyants s’étendent jusqu’à 30 soirs par an, selon la région d’habitation”. Mais bon, 30 soirs par an, c’est moins spectaculaire que toutes “les belles soirées d’été”, alors autant en appeler à la poésie pour dissimuler la morosité des chiffres, surtout quand ceux-ci ne nous arrangent pas.
Malgré tout, ce raz-le-bol des feux d’artifice ne sort pas de nulle part. Le Syndic de Fribourg a récemment prononcé leur interdiction sur le territoire de sa commune, et dit avoir été copieusement félicité par ses administrés pour cette décision. À Martigny également, les spectacles pyrotechniques seront bannis dès l’année prochaine. Mais sous nos latitudes, le Syndic de Lausanne Grégoire Junod s’est dit personnellement attaché aux feux d’artifice, liés selon lui à des moments symboliques. Sachant qu’à leur arrivée en Europe, les spectacles pyrotechniques servaient à célébrer les monarques, on ne veut surtout pas savoir à quel genre de symbolique il fait allusion. On peut seulement concevoir le déchirement que ce serait pour lui de se voir privé de ces instants de débauche de bruits et de lumières à cause d’une votation fédérale. Gageons qu’il saura se consoler en admirant les fusées tirées depuis l’autre côté du lac le 14 Juillet.
Loric Roberti
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Dessinateur suisse domicilié dans la région de Lausanne (Vaud). Réalise dessins de presse, dessins d'humour, illustrations et graphisme.
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